Sur la famille BOULEAU
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Tout part de cet article "religieux" dont il est extrait ce qui suit...ne concernant que ce qui est "peinture" et ce qui est "Douarnenez" dans l'article sur les abbés BOULEAU [lien ci-dessous].
...En menant une
enquête commune, il doit être possible d'en savoir plus sur cette famille
semblant remplie de bien des dons. Connaissez-vous d'autres tableaux? d'autres
anecdotes?
Un complément
d'informations a été fourni par Anne Marie Le Gouil dont les grands parents vivaient aussi, rue Hervé Julien. Merci
à elle.
M. Henri BOULEAU
et son épouse née Marie CELTON demeuraient à DOUARNENEZ, 15, rue Hervé Julien,
il y a de çà bientôt un siècle.
Monsieur
BOULEAU, marin retraité de La Royale - grand, toujours portant casquette -
était aussi peintre, peintre de la Marine, artiste des pauvres pour gagner sa
vie; il vendait - pas cher - des "devants de cheminée" en toile cirée
encadrée, représentant les tableaux que les "braves gens" aimaient,
comme l'Angélus de Millet ou le Radeau de la Méduse.
Il exposait
aussi dans une maison lui appartenant à Locronan (en arrivant à droite).
Il était de même
amoureux de la chansonnette, reste encore plusieurs gros cahiers, (tous
agrémentés de lettrines, de dessins coloriés au crayon) et il était poète à ses
heures.
Madame BOULEAU était une petite femme, trotteuse et dynamique, toujours vêtue de noir, pleine de ressources
littéraires et religieuses, elle tenait une épicerie fine, les murs étaient de représentations du Christ, fréquentée et réputée mais était piètre
commerçante, beaucoup de clients laissaient leurs ardoises non réglées.
"Comment le leur dire ces jours-ci, ils sont maintenant trop pauvres!"
disait-elle.
Et la famille
Bouleau demeura ainsi démunie jusqu'à la fin, ayant souvent sacrifié le
"sens pratique" d'une vie bien organisée.
Ils sont
décédés, Mr en 1957, Mme en 1968.
Ils eurent au
moins deux enfants, deux fils, deux prêtres.
Henri est né à
Douarnenez le 19 septembre 1921.
En 1934, à 13
ans, il entra à Saint-Clément où il poursuivit ses études secondaires; du fait
de la guerre, c'est à Neussargues qu'il les achèvera en juin 1940, avant de
partir pour Busséol, au noviciat où il prononcera ses premiers voeux le 24
octobre 1941.
Suivit un stage
de deux ans à Saint-Clément comme professeur après sa philosophie.
Rentré au
scolasticat, il ne tarde pas à être désigné pour suivre des cours à la faculté
de Lyon.
Le 2 avril 1949,
il est ordonné prêtre et en septembre 1950 nommé professeur à Neussargues.
En janvier 1952
il est professeur de philosophie à Uriage et ce, pendant pendant 12 ans.
Aux
connaissances qui dépassaient largement le domaine de la philosophie, de la
littérature et de l'histoire, il convient d'ajouter celui de l'art. Et ce
n'était pas pour lui science purement théorique; il savait les mettre en
oeuvre; les maisons où il est passé conservent quelques-uns des tableaux qu'il
peignait à ses heures de loisir. Lorsqu'il devra abandonner l'enseignement,
c'est vers la recherche historique qu'il se tournera.
Ceux qui l'ont
connu pendant ces années se souviennent comment il était toujours disponible
pour rendre service, délicat et discret, avec bonhomie. Il n'était pas de ceux
qui se font remarquer et il n'aimaient pas ceux qui posent, mais il appréciait
le geste direct et franc, sans prétention, qui le mettait à l'aise et il savait
alors faire apprécier son sens de l’humour, du mot qui met de la saveur dans
les relations, c'était sa manière d'exprimer sa joie fraternelle.
Augustin, lui,
est né en 1928.
Au moment de sa
profession religieuse le 29 septembre 1948, il choisit le "saint du
jour", le vénérable Michel le Nobletz, fondateur d'une chapelle élevée à
quelques mètres du lieu de leur naissance.Il a été ordonné en 1955 à Lyon,
après avoir suivi toutes ses études depuis 1939 chez les Dehoniens. Il a été
professeur à Raon, durant deux années, puis après la mort de son père en 1957,
a été détaché auprès de sa mère. Décédée, en 1968, il fut nommé à Paris pour
préparer sa thèse de doctorat “La Dévotion au Sacré-Coeur au 18ème siècle -
Contribution à l'histoire d'une controverse en France et en Italie” à la
Faculté Catholique d'Angers et sera déclaré Docteur en Théologie avec mention
bien le jeudi 7 mars 1985.
Mais sa santé
qui, depuis des années, était défaillante, ne s'améliorait pas. Il ne pouvait
bientôt plus se nourrir convenablement. Il était totalement épuisé quand il
s'est éteint le 17 décembre 1985.
Le 20 décembre,
il rejoignait son frère Henri au cimetière de Saint Clément à
Viry-Châtillon.Henri et Augustin ont eu une vie heureuse avec leurs copains du
centre-ville: Henri était plus réservé , après son départ, on le voyait
rarement mais Augustin - par exemple -
avait coutume, pour les gens du quartier, de passer des films dans l'arrière-boutique
sur un drap blanc fixé au mur; il continua à entretenir de bonnes relations
avec ses anciens voisins, leur écrivit après qu'il eut rejoint Paris après le
décès de sa mère.
L'amour de leur
ville natale, Douarnenez, et de sa baie magnifique leur feront chanter - mais
sans notes - sur leurs cahiers et sur leurs tableaux et par leurs dessins, la
mer ainsi que le petit peuple des marins et des ouvrières d'usines de
conserves, les maisons trapues qui les abritaient et les clochers qui piquaient
un ciel toujours tourmenté.
...Si vous
cherchez bien, vous trouverez des dizaines et des dizaines d'autres coups de
plume, de crayon ou de pinceau. Ils sont signés Celton, Henri Bouleau, Yves
Guinoec, Augustin Bouleau, Bouleau ou simplement X. C'est la même personne, car
bien fraternels ils se sont corrigés fraternellement et ils n'ont jamais
vraiment su ce qui leur appartenait en propre.
Ensuite, la
maison fut vendue, les frères ne sont pas revenus et ainsi s'acheva la vie de
trois artistes ayant laissé après eux, outre leur souvenir, de nombreux tableaux dont celui d' Annie
ayant permis notre petite enquête.