Pour la plupart d'entre nous, notre langue s'en est allée....



En français...extrait d'Ouest en mémoire:

Quand cette émission est enregistrée, Breiz o veva n'est diffusée que depuis un an. On est surpris par le naturel des échanges entre les invités de cette veillée télévisée. Hélias, le maître de maison, debout, adossé à la cheminée, anime la conversation, mais ses invités semblent très à l'aise. A un moment Chanig se lève pour aller chercher un plateau avec des boissons. La chaîne régionale n'a pas encore pris les manières plus guindées de la télévision nationale. C'est un média proche de son public. Sans doute les bretonnants aimaient-ils ce ton.

Ils appréciaient certainement d'entrer dans l'intimité des animateurs et de la speakerine des émissions en langue bretonne qui rencontraient déjà un franc succès en Basse Bretagne Ce petit monde se connaissait depuis longtemps. A la libération Charlez Ar Gall avait fait connaissance d'Hélias, quand il souhaitait relancer avec Armand Keravel Ar falz, le mouvement laïc créé en 1933 par Yann Sohier. Avant de faire équipe à la télévision, ils avaient passé beaucoup de temps ensemble pendant les stages d'été de l'association, ce qui explique la convivialité qu'on sent sur le plateau. En écoutant Charlez, Visant et Jakez échanger leurs souvenirs, les spectateurs retrouvaient sans doute un peu de leur enfance. Autour de la cheminée on entend des intonations de chaque coin de Bretagne, trégorroises avec Fañch Broudic, léonardes avec Visant Seité, cornouaillaises avec les Le Gall et mêmes bigoudènes avec Hélias. Plus étonnant pour une émission de Noël, on trouve ici côte à côte des anciens enseignants de l'école laïque et un frère, Visant Seïté, alors responsable d'une émission de breton à la radio : Le breton par les ondes. Qu'on ne s'y trompe pas. Il s'agit pourtant de la même famille : celle des régionalistes qui essaient de promouvoir le breton populaire au moment même où sa pratique décroit très rapidement dans les campagnes. Les régionalistes ont une revue Brud et des éditions où sont éditées en breton les œuvres d' Hélias mais aussi celles d'autres écrivains parmi lesquels Visant Seïte qui, dix ans après Le cheval d'orgueil écrira Ar marh reiz (Le cheval tranquille) où il revisitera sur un ton plus chrétien et plus léonard le monde rural du début du vingtième siècle. En 1972 dans la famille Breiz o veva, tout le monde ne croit peut-être pas en Dieu, mais pour Noël on ne parle que du petit Jésus, jamais du père Noël. Hélias confie n'avoir découvert ce « rigolo » que lorsque il est parti faire ses études dans la grande ville de Quimper ! 
Soazig Daniellou - Kalanna

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Nedeleg Laouen et Joyeux Noël à tous