Communes en fusion....ce ne dut pas être facile.....


Il semble que la fusion entre les quatre communes n'ait pas été un long fleuve tranquille, la peur de l'ogre douarneniste, manifestement et les arguments avancés ont du ne pas manquer de piquant: voici celui de Tréboul, appelant pour sa défense Beaucaire...et Paris...





Texte du Conseil - La dépêche du 14 décembre 1943


en clair:

Le conseil municipal de Tréboul, réuni en session extraordinaire le dimanche 28 novembre  1943, à l'effet d'examiner le projet de création du Grand Douarnenez, après avoir pris connaissance du rapport établi par la Délégation spéciale de la commune de Douarnenez, ainsi que de la délibération de la Chambre de commerce de Quimper en date du 12 novembre 1943,
Considérant que :
1° Le rapport établi par la Délégation spéciale de Douarnenez fait valoir surtout
les avantages d'urne fusion entre Douarnenez et Ploaré, le problème de l'habitat devant être résolu par l'extension de Douarnenez sur le territoire de la commune de Ploaré.
2° Ce rapport ne parle de Tréboul que pour ce qui est de l'amélioration de la plage des Sables-Blancs, amélioration que la commune de Tréboul peut très bien faire elle même (le projet de création d'un parc des sports aux Sables-Blancs est déjà à l'étude).
3° La délibération de la Chambre de commerce de Quimper ayant été prise sans que les commerçants, industriels, entrepreneurs et hôteliers de Tréboul soient entendus, la dite délibération ne peut être prise en considération.

Considérant que :
1° - La plupart des motifs invoqués par la Délégation spéciale de Douarnenez, s'ils sont valables pour Ploaré, ne le sont point pour Tréboul et qu'en particulier, il est faux que la commune de Tréboul soit une commune suburbaine de Douarnenez.
 (En effet, le cœur de Tréboul était primitivement à Tréboul Goz et c'est à partir de ce centre que Tréboul s'est développé, poussant des tentacules» dans toutes les directions Jusqu'à devenir riveraine de Douarnenez. Mais Tréboul n'a jamais été une banlieue de Douarnenez :la meilleure preuve en est qu'il n'y a pas encore beaucoup plus d'un demi-siècle, Tréboul était rattaché à la commune de Poullan, son activité étant alors dirigée bien plus vers cette dernière commune que vers Douarnenez).
2» Au point de vue géographique, contrairement à Ploaré et Pouldavid, Tréboul est nettement séparé de Douarnenez par la rivière du Port-Rhu. (Les exemples historiques donnés par la Délégation de Douarnenez n'ont rien à voir avec ]a situation de Tréboul). D'ailleurs l'agrandissement successif de Paris n'a pas empêché le maintien des communes de la banlieue parisienne pas plus que l'agrandissement de Saint-Malo n'a supprimé les communes de Saint-Servan et Paramé et pourtant les agglomérations parisienne et malouine ont bien des intérêts communs à défendre. D'autre part, en admettant que le défaut de place pour construire soit un des principaux motifs de la création du Grand Douarnenez, quoique il arrive toujours un moment où une ville doit s'étendre sur ses voisines, par exemple, Quimper, nous avons vu que l'extension de Douarnenez se serait surtout faite vers Ploaré et non vers Tréboul. Enfin, les communes situées de part et d autre d'une rivière sont innombrables en France. (Citons en deux des plus fameuses : Beaucaire et Tarascon)

Considérant que :
1° Tréboul, au point de vue économique, forme un tout qui fait que ses intérêts ne sont pas toujours les mêmes que ceux de Douarnenez. En effet, Tréboul a son port, qui a d'ailleurs été sacrifié pour permettre le développement de celui de Douarnenez, Tréboul a sa gare, son marché, ses usines, ses entreprises, son commerce qui lui est
propre.
2° Tréboul, grâce à sa superbe plage des Sables-Blancs, est une station balnéaire dont les artistes ont porté la renommée bien au delà de notre région.
3°Tréboul est une commune mi-rurale, mi-urbaine, qui s'équilibre merveilleusement.
40 Tréboul, pour toutes ces raisons, a une vie économique indépendante et n'est tenu envers Douarnenez que par les liens qui unissent une simple commune à un chef-
lieu de canton.

Considérant que :
1°A un point de vue général, il n'a Jamais été prouvé que l'administration d'une grosse agglomération valait mieux que celle d'une commune moyenne (exemple: les scandales financiers qui se produisirent avant-guerre dans certains gros centres).
2° Actuellement, le gouvernement suit une politique de décentralisation et de régionalisme et que ce n'est guère suivre cette politique que de vouloir tout unifier au détriment des particularités locales.
3° Les avantages matériels et sociaux pouvant résulter de la fusion de Tréboul et Douarnenez seraient largement anéantis par le poids des charges nouvelles auxquelles la commune devrait faire face.
Considérant, que :
1° Par suite de l'opposition certaine d'intérêts entre Tréboul et Douarnenez, la gestion commune de ces deux villes, par un seul conseil municipal, s'avérerait impossible, surtout que les représentants de Tréboul seraient toujours en nombre inférieur à ceux de Douarnenez (d'ailleurs, depuis de nombreuses années, des divisions moins politiques qu'économiques existaient au sein du seul conseil municipal de Douarnenez; à plus forte raison, lorsque quatre communes seront groupées, les divisions iront en s'augmentant).
2° Quoique les travaux d'urbanisme de Tréboul soient assez avancés, il reste encore beaucoup de grands travaux à réaliser, dont l'intérêt est commun aux quatre communes
de l'agglomération (installations portuaires, hôpitaux, écoles, jardins publics, habitations
à bon marché, équipement rural, gare maritime, route en corniche, théâtre, etc.).
Considérant enfin que les critiques adressées par la délégation spéciale de Douarnenez aux associations intercommunales sont exagérées, les syndicats de communes étant, d'après les maîtres du droit administratif français, susceptibles de rendre de très pré cieux services, mais étant malheureusement Jusqu'ici trop peu utilisés.

Pour tous ces motifs et représentant l'opinion de l'immense majorité des Tréboulistes :
1° S'oppose à l'annexion pure et simple de Tréboul à Douarnenez.
2° Emet le voeu qu'un syndicat de communes, tel qu'il a été défini par la loi du
22 mars 1890. soit créé afin de gérer les intérêts communs à toute l'agglomération douarneniste, organisme qui serait dirigé par un comité et qui disposerait comme ressources, outre les contributions des communes associées au prorata de leur population, des revenus des biens meubles et immeubles de l'association, des subventions de l'Etat, du département et de la Chambre de commerce des dons et legs, et enfin de certains revenus fixes, tels que la perception des droits d'octroi qui serait étendue au territoire des quatre communes.
3°Autorise le maire à publier dans la presse locale, pour diffusion possible, le texte de la présente délibération.