DZ 1940 - M A R P L I J !!! - MAR PLICHE!!!
Coiffe de filet brodé avec ruban châle de dentelle soutachée, fichu de soie sur cordage de lingerie orné de coques de même, petit tablier à piécette de soie façonnée sur jupe de velours mousseline.
DOUARNENEZ 1940...hé oui, c'est la guerre, la ville, le port vivent au ralenti, il n'est pas encore question de résistance armée mais cette jeune douarneniste semble résister à sa manière...nous sommes battus mais nous gardons la tête haute!
Elle sort de chez elle sans faire du disméganze ou alors un peu, elle va rejoindre ses âmies sur la Route Neuve - Duguay-Trouin - les jeunes hommes mais aussi les jeunes femmes se retournent à son passage et pensent ou disent....Mar Plij!!
Va alors commencer un va-et-vient d'un trottoir à l'autre à regarder, à pas regarder, à s'arrêter pour parler ...à ne pas daigner s'arrêter...pour ne pas parler!
Mar Plij, ordinairement "S'il vous plaît"....donnez moi deux tranches de jambon mar plij, d'accord, ok mais à Douarnenez les mots ont souvent un "supplément" de sens et quand vous entendez Mar Plijjjjj!, il y a de l'admiration dans l'air ou autre...allons consulter le maître en la matière - René Pichavant - reprenons ce qu'il en dit:
MAR PLICHE
"Mar": Si
"Plijout": plaire
...s'il vous plaît!
- Impératif: "Venez ici
mar pliche!: Obtempérez!
- Suppliant:
"Donnez-moi une bouche (chig) mar pliche"!
- Inquisiteur: "Où vous
allez comme çà mar pliche? (je veux savoir...)
- Moqueur: "il met tous les jours sa petite
cravate en place, comme un grand monsieur mar pliche alors qu'il est ke un bon
à rien!
*
Pour revenir à la route neuve, cette chorégraphie n'a pas manqué d'étonner les premiers visiteurs de notre bonne ville comme ceux que j'ai évoqué l'autre jour en été 1907:
"C’est dimanche. Si vous allez faire un tour rue Duguay-Trouin vous y verrez toutes nos petites sardinières, et même quand la sardine ne va pas et que le pain manque, la toilette ne manque pas» nous dit nôtre hôtesse. Nous allons faire un tour. Qui donc me disait que les Bretons ont le don de se grouper toujours en tableaux harmonieux? C’est absolument vrai. Ce soir nous vérifions une fois de plus cette remarque. Pendant une heure, dans la rue Duguay Trouin, et sur l’immense viaduc qui passe par-dessus le bras de mer de Pouldavid, et par delà le viaduc, dans la campagne assoupie, nous rencontrons par centaines des groupes de jeunes filles qui cheminent trois par trois, la main dans la main, coquettement coiffées de leur bonnet à larges ailes blanches, coquettement drapées dans un châle à la vierge, de couleur claire, frangé de longues soies".
*
 |
| ...La route neuve... |