Ha...Le Toul An Diri!
Photo aux Archives départementales des Côtes d'Armor
Quand je me suis procuré cette photo d'Etienne Bouillé, artiste peintre et photographe, j'ai immédiatement pensé à cinq femmes douarnenistes en coiffe rencontrées il y a bien longtemps...en 1977.
Partons du début si vous voulez bien me suivre:
M. Le B, trébouliste, décède sans laisser d'enfant, son épouse est sa seule héritière, il laisse une jolie petite maison près du port de Tréboul, le grenier "bourré" de filets marron, je m'en souviens.
La veuve, accompagnée d'une âmie, vient me voir et me dit tout de go: "Mon mari est décédé, moi, douarneniste, je n'ai plus rien à faire à Tréboul, vendez ma maison et trouvez-moi une autre à Douarnenez.
La maison est vendue, une demie-maison est trouvée en ville, tout va bien...jusqu'au jour où le problème du Toul an diri dans la demie-maison met de l'eau dans le gaz.
A Tréboul, Mme Le B avait un butagaz électrique donc un but électrique, son vendeur de Douarnenez lui avait fait cadeau de sa gazinière au gaz de ville, donc le déménageur n'avait pas fait mieux que de laisser le but électrique dans le Toul an diri, première fois que j'entendais ce terme, qu'on pourrait traduire par le coin sous l'escalier au rez-de-chaussée.
Donc, eau dans le gaz à partir de ce moment là et - ici - explication nécessaire sur les demies-maison de Douarnenez et casse-tête juridique: Les douarnenistes considèrent ou considéraient qu'une demie-maison, c'était une maison divisée en deux verticalement au milieu de la porte d'entrée, d'où des volets verts à gauche et des volets bleus à droite mais où çà se complique, c'est à l'intérieur: chacun était propriétaire strict de sa moitié, moitié du couloir, la partie de l'escalier à droite au propriétaire de droite avec obligation d'entretien, idem à gauche, etc. chacun moitié de sa toiture, charpente, grenier...
Et le Toul an diri! Malheur, il était à droite alors que Mme Le B avait acheté la partie gauche! Alors, elle fut vite invitée à dégager dare-dare son but, cela mit du temps, suffisamment pour envenimer les relations de voisinage, au point que je fus invité à régler dare-dare ce problème.
Et je reviens à ma photo: cinq femmes douarnenistes coiffées m'attendaient dans la cuisine, café, gâteaux, l'ambiance avait été immédiatement à la détente quand j'avais annoncé le débarras du but par un ami bien musclé.
Je n'eus aucun mal à tenter de leur expliquer l'inexplicable originalité des demies-maisons de Douarnenez, elles connaissaient, rien à faire d'un règlement de copropriété, pour elles que sources d'ennui, chacun chez soi, les âmies disant à leur amie que, pas de chance, le toul an diri n'était pas de son côté, il fallait qu'elle comprenne!
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