Paul, enfant douarneniste...de 1940 à 1945.


Paul Dollet - Photo de couverture
Je reprends, comme convenu, l'article du 3 décembre sur Paul DOLLET, natif de Grand-Fort-Philippe - entre Calais et Dunkerque - qui a vécu réfugié avec ses parents à Douarnenez de mai 40 à mai 45. Aujourd'hui, proche de ses 90 ans, Paul a écrit un livre racontant sa vie de petit douarneniste, croisant des personnages restés dans les mémoires.
Aussitôt reçu par la Poste, je l'ai lu d'une traite, un récit sans fioritures, je vais donc le reprendre pour nous dès l'arrivée de Paul à Douarnenez.


Son père était patron de pêche et c'est à bord de son bateau - Le Miss Jeannette DG 603 - que lui et sa famille sont venus se réfugier à Douarnenez, la raison de ce choix n'est pas donnée mais beaucoup de familles, mareyeurs, armateurs, marins de Grand Fort sont venues se réfugier ici ou dans les environs, elles souhaitaient sans doute se mêler à des gens de mêmes mentalité et intérêts qu'eux.
Donc, le bateau arrive dans le port du Rosmeur, la mer est basse, il lui faudra attendre un peu pour accoster, l'enfant note que l'eau a une clarté qui permet de voir le fond...une petite foule les accueille sur le quai, bientôt, ils sont à la Mairie, une femme offre à Paul une tartine de pain-beurre agrémentée d'une barquette de fraises, il en est saisi, elle lui a parlé en breton, 90 ans après, il s'en veut encore de n'avoir pas su la remercier.
Ensuite, ils sont conduits à l'Hôtel de France où, pour la première fois de leur vie, ils mangeront du thon.
Mais nous sommes en guerre et le réel reprend sa sinistre place, une partie d'étage d'une vieille maison vers le Guet - 28, rue Ernest Renan (à l'emplacement du Guerlosquet d'aujourd'hui, niveau Impasse Gioccondi) - appartenant à l'usine Amieux, leur est dévolue....fini l'hôtel de France, désormais, çà sera une cantine au Men Léon et notre famille ne s'en plaindra jamais.
L'été 40 sera magnifique et Paul profitera de l'eau "claire", voyant à peine les Allemands prendre possession de la ville, oubliant l'école où ses parents ne songent à l'inscrire, persuadés d'être de retour pour la rentrée... Sa plage, la plage des Dames, la Cabane avec la jeune Titine et ses deux soeurs, déjà Marcel Bariou, le plongeur magnifique et sa copine Josette, sa plage devant l'île Tristan, le petit poul Amieux qui aidera tant à savoir nager, la pêche aux pironneaux sur l'annexe du bateau de son père, tout fait de lui un enfant douarneniste en quelques semaines.
Son grand-père se fait embaucher à la brasserie du Flimiou (où?),  son père chez la mareyeuse Mathilde (qui?)
Finalement, il est inscrit à l'école Victor Hugo, son maître sera Mr Le Moigne,  ainsi qu'au club de gymnastique de la Stella avec Mr Le Berre - et le catéchisme avec l'abbé Cariou -  la cantine du Men Léon ferme pour une autre, place du Marché dans une salle de danse.
Après l'armistice, viennent les tickets de rationnement pour les parents mais perdurent les vacances pour les enfants, agrémentés de virées avec le père ou la mère dans les fermes de la campagne pour du troc...ou du marché noir.
Ensuite, il eut Mr Le Bihan comme maître, il faisait chanter la Marseillaise à sa classe quand elle passait devant le stade de la Stella (réquisitionnée par les allemands pour l'entraînement de leurs chevaux...)
Puis la communion avec l'abbé Cariou, puis une nouvelle année avec le maître Mr Le Loup, du basket dans la cour (le maître est président de l'US Douarneniste..)
...Son père retourne dans le nord pour la pêche aux harengs, au retour, il ramène une radio, premières écoutes de Radio-Londres, l'enfant du Guet ramène du port des têtes de maquereau pour pêcher du bouquet qu'il revend à l'hôtel de Bretagne...
L'été 42 ressemble pour lui aux autres, son copain Julien a été embauché par M. Le Bot, pour vendre des glaces dans une petite charrette à la plage des Dames, le soir, les restes sont consommés entre proches, il y a le Tour de France, la kermesse pour les prisonniers en Allemagne, les virées en vélos loués chez Mr Maguet, place de la Croix.
1944 sera l'année du certif qu'il obtiendra, Julien et lui jouent au terrain de basket du quartier, l'équipe sera championne du Finistère après avoir battu l'équipe de l'Espérance de Brest mais son père lui demande de s'inscrire à l'école d'apprentissage (maritime)...cours sur les baleinières et le cotre Nautilus autour de l'île Tristan..



photo du certificat d'études
*
Les événements s'accélèrent, Dunkerque se rend, pour nos nordistes,  c'est plus qu'un symbole, l'appel du retour est guetté, la famille aura la joie d'apprendre que leur maison n'a pas (trop) souffert, elle prendra le train pour Quimper, Brest, Paris, Calais où une camionnette les attendra pour entamer leur nouvelle vie.

En septembre 45, Paul sera embarqué comme mousse sur l'Henriette, commandé par son père, en 1950, il épouse à 20 ans Jeanne, son amour rencontré quatre ans auparavant.

C'est un petit livre d'une cinquantaine de pages mais un grand récit, la mémoire de Paul nous offre une part de sa jeune vie en notre cité, avec peu de mots mais d'une grande intensité, quand on le lit, nous sommes - nous jeunes aussi - avec lui, nous nous baignons, nous pêchons, nous prenons le vélo pour parcourir la campagne et nous tentons de bien écouter le maître et nos parents...et puis de retour à Grand-Fort-Philippe, soudainement surgit le monde adulte de la mer, mousse, matelot, mécanicien, second-bosco, patron...comme, sans doute, bien de ses camarades laissés à Douarnenez.


°°°

°°°
Pour se procurer le livre...

°°°