SANT PER, PRIEZ POUR NOUS !

Toile d'Albert Renault - 1887
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De France HODGKINS - 1922


La niche abritant la statue de Saint Pierre - Sant Per Baoul - a été édifiée avant la fin du 19ème siècle; cette statue se trouvait sans doute originairement à l'intérieur de la chapelle Saint Jean avant sa reconstruction vers 1750.
Ce lieu et cette statue auraient une histoire "sans histoire" si les habitants du lieu n'avaient pas mis un peu trop leur confiance dans les pouvoirs souverains supposés de leur Sant Per: petit à petit, au fur et à mesure que la pêche se développait, que les usines se développaient, qu'on sortait de la baie pour pêcher - outre la sardine -  le thon puis la langouste, qu'il y avait des années "avec" et des années "sans", les pêcheurs douarnenistes et leur famille se souvenant qu'ils étaient et bretons et catholiques même après la "vogue" communiste et anarcho-flanchiste de la première moitié du 20ème siècle se sont mis à implorer le brave saint qui, soyons sûrs, n'en demandait pas tant: aussi la tradition s'installa d'aller lui rendre visite intéressée au moment des départs, une fois les voiles disparues de la baie, pour y mettre des fleurs, des cierges et jeter dans la fontaine quelques sous ne valant pas grand-chose puis de se rendre chez le patron du bateau pour un "café" et, plus tard, dans les pâtisseries et restaurants de Tréboul et de Douarnenez...après les prières à l'au-delà, les réjouissances d'ici-bas, n'est-ce-pas!
Donc l'affaire était supposée faite: Sant Per, on est allé te voir, on t'a fleuri, éclairé avec nos cierges, payé de nos espèces sonnantes et trébuchantes, maintenant on veut du résultat!




Oui mais voilà, Sant Per, bien que saint, ne pouvait répondre à leur marché, il avait beau avoir été pêcheur lui-même du temps de Jésus, il savait bien qu'on ne pêche le poisson que s'il est là et que si on le voit...si les marins étaient restés dans la baie, à la limite, il aurait pu voir selon la risée sur l'eau ou le vol des goélands et intercéder auprès de son maître mais dans le Golfe de Gascogne, sur le banc d'Arguin, aucun moyen de communication possible!
Pendant des années, il dut être considéré comme un bon saint comme on dit d'un bon cheval quand on joue au tiercé mais ces années n'ont pas laissé un souvenir impérissable, par contre, les mauvaises années, Sant Per Baoul, le pauvre Saint Pierre, doit s'en souvenir encore parce qu'il s'est retrouvé d'abord invalide du bras l'empêchant dès alors de bénir qui que ce soit! puis ce fut la dégringolade, atteinte à son autorité, à son intégrité physique, noyade dans la fontaine, laissé abandonné sur la grève du bas, affublé de mégots aux lèvres, puis, la fin, abandonné dans un fossé entre Kerlaz et Locronan!

Il dut en subir de ces corrections, de ces humiliations le pauvre...autant des épouses que des maris, humains trop humains qui, quand même aujourd'hui, fleurissent encore sa niche de fleurs "plastique" après avoir laissé leur auto sur le parking maintenant que la pêche n'a à être ni bonne ni mauvaise puisqu'elle n'est plus...

[Pour ce, le blog de José Chapalain a été consulté]



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#douarnenez