CLINIQUE DU CLOS | TEXTE DU DOCTEUR BALDOUS
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Suite à la publication de cette carte postale et de l'intérêt qu'elle a suscité, je me suis rapproché du Docteur BALDOUS, ayant été bien connu comme médecin généraliste et Chef de service à l'hôpital de Douarnenez, qui a été d'accord pour la publication du texte suivant sur l'histoire de la clinique, qu'il en soit vivement remercié.
La Clinique "Le Clos"
Pendant des décennies, les médecins de Douarnenez et du secteur (Audierne, Pont-Croix, Le Cap, Le Porzay) ont adressé à la Clinique Le Clos leurs patients pour des soins ou pour y être opérés. Deux chirurgiens y ont fait toute leur carrière, Le Docteur Jean Minet et le Docteur Jean Habas. Grâce à eux, la Clinique Le Clos a été localement un établissement chirurgical de référence.
Il y a un demi-siècle, les hôpitaux des villes moyennes comptaient peu. La majeure partie de la pathologie aiguë était admise dans les cliniques privées qui jouissaient à l’époque d’une très forte renommée. Les chirurgiens y faisaient office de Consultants car les spécialistes étaient rares. Les cliniques avaient finalement la quasi-exclusivité de la chirurgie. Les petits hôpitaux se contentaient du reste, c’est-à-dire du trop-plein des cliniques lorsqu’elles étaient à saturation ou de certaines urgences de ville, les admissions par les pompiers par exemple. L’Hôpital de Douarnenez n’échappait pas à cette concurrence car la Clinique Le Clos se trouvait dans le haut de la rue Monte au Ciel, et les deux chirurgiens exerçaient dans les deux établissements.
Il faut rappeler qu’à l’époque, dans les années 60-70, l’Hôpital de Douarnenez souffrait de multiples carences. Pas de médecin anesthésiste, c’est une religieuse de la Clinique qui descendait en cas de besoin. Hormis le Radiologue et l’ORL, pas de médecin spécialiste. Pas de médecin urgentiste. Le concept de Service d’Urgence n’existait pas. Il y avait bien un Accueil dont Anne-Marie Belliard, comme infirmière, assurait largement la présence. Pas d’interne, leur recrutement était tout simplement impensable. Ils étaient réservés aux Centres Hospitaliers Universitaires ou Régionaux considérés comme formateurs. Pour le Finistère, Brest et Quimper. Pas de surveillante de service, fonction qui incombait plus ou moins automatiquement aux religieuses. Pour mémoire, rappelons encore qu’il existait de nombreuses passerelles entre la Clinique et l’Hôpital. Chaque jour en effet une demi-douzaine de religieuses du Clos descendait à l’Hôpital prendre leur service. On les retrouvait à l’Hospice de Douarnenez et de Kerlaz, au bloc opératoire, en chirurgie et à la maternité. La raison principale en était tout simplement la pénurie d’infirmières. En tout cas, on était très loin des cloisons étanches qui existent aujourd’hui entre le Public et le Privé.
Comme je l’ai déjà dit, il n’est pas dans mes intentions de faire un historique du vieil Hôpital de Douarnenez d’il y a 50 ans ni celui de la Clinique. Je souhaitais en quelques lignes rappeler simplement les liens qui ont existé entre ces deux établissements, relations croisées qui dans le contexte de l’époque ont été plutôt satisfaisantes et évoquer un climat qui a complètement disparu et qui peut paraître aujourd’hui tout à fait incroyable à des gens qui ne l’ont pas vécu.
Mais, personne ne peut rien contre la marche du temps ni contre l’évolution des choses. Un jour les religieuses du Clos ont quitté l’Hôpital et ont rejoint leur communauté. Un peu plus tard la Clinique a posé elle aussi le problème de sa survie. Aujourd’hui, elle a physiquement disparu et il n’en reste qu’un terrain vague. Seule cependant, sa petite chapelle a échappé à la démolition.
La Rue Monte au Ciel, elle, existe toujours mais dans cette rue au nom prédestiné, il n’y a aujourd’hui ni Hôpital, ni Clinique, et entre les deux, l’École des Saints-Anges elle-même a disparu.
Docteur Alexis Baldous
