BONNE CAMPAGNE DE THON AU GUILVINEC


 


La pêche au thon bat son plein en Bretagne le 19 août 2022



Débarqué à Keroman ou au Guilvinec, le thon est en grande partie acheminé par camion en Espagne. (Photo François Destoc)
La saison de pêche du thon germon bat son plein, depuis deux semaines, au large de la Bretagne. Vendu sur les étals et surtout aux conserveries, le poisson blanc mobilise seize chalutiers de Lorient (56) et du Guilvinec (29).


Le thon blanc est de retour sur les étals des poissonniers. Depuis le début de la semaine, 180 tonnes de thon germon ont été débarquées sur les quais du Guilvinec, l’un des deux ports bretons concernés avec celui de Lorient. Du poisson pour l’essentiel vendu directement aux conserveries. À l’inverse des bateaux irlandais, habitués du port de Douarnenez, pour lesquels la campagne s’achève, les seize chalutiers bretons commencent la pêche au moment où les bancs croisent au large de la pointe bretonne.

Pour Christophe Collin, le directeur de l’armement bigouden, « la période est plus propice et le thon plus gros, en général. » Sans commune mesure, en dehors de quelques pièces, avec le thon rouge pêché près des côtes, le germon débarqué lundi, mardi et mercredi au Guilvinec affichait un poids moyen de 8 à 15 kg, selon Grégory Pennarun, le directeur de la criée.
Le Guilvinec et Lorient

Ces dernières heures, la trentaine de paires de chalutiers pélagiques, dont seize basés à Lorient et au Guilvinec, membres de l’organisation de producteurs Les pêcheurs de Bretagne, étaient en mer. Répartis entre La Turballe et Le Guilvinec, les chalutiers de haute mer ont commencé, timidement, à pêcher au mois de juin, dans le sud du golfe de Gascogne, pour suivre la migration du thon blanc. « Mais les rendements n’ont véritablement commencé à augmenter qu’au début du mois d’août », souligne Thierry Guigue, le directeur adjoint de l’organisation de producteurs (700 navires et 3 000 marins). Pour preuve, les Bara de l’Armement bigouden ont débarqué une cinquantaine de tonnes par paire, cette semaine, au Guilvinec. D’autres chalutiers y sont attendus, les cales chargées de thons, en début de semaine prochaine.
Bouffée d’oxygène

Moins consommateur de gasoil que la pêche de fond, le chalut pélagique tiré par deux chalutiers représente une petite bouffée d’oxygène pour les armements qui s’y consacrent le temps de la campagne du thon. Notamment en raison du maintien des prix d’achat par les conserveries.

Un gain de rentabilité de courte durée, au regard des quotas de pêche. S’ils ont légèrement augmenté cette année pour la France en raison de la rétrocession de quotas de pays ayant trop pêché l’an passé, Christophe Collin estime, à ce rythme, qu’il sera atteint pour l’armement au terme de quatre marées généralement d’une dizaine de jours. Compte tenu de la bonne tenue des stocks en mer, les pêcheurs français attendent une revalorisation des quotas attribués à l’échelle mondiale par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Iccat).
L’incertitude du marché

Reste l’incertitude du marché au regard des stocks déjà constitués par les industriels. Les thons pêchés par les bateaux bretons sont achetés par les conserveries locales mais aussi espagnoles. Après une envolée de la consommation de conserves de poissons en 2020, pour cause de crise sanitaire, le marché est retombé de 4,6 % en volume l’an passé, faisant craindre des difficultés pour écouler le poisson en fin de campagne.

Ne disposant pas de données précises sur la consommation de thon germon, le syndicat des conserves de poisson (370 millions de boîtes fabriquées par an pour 862 M€ de chiffre d’affaires) se veut malgré tout confiant au regard des conditions météo de l’été, favorables à la consommation de thon en salades. Les pêcheurs bretons seront fixés mi-septembre lorsqu’ils laisseront les bancs de thons germon poursuivre leur migration dans le sud-ouest de l’Irlande.