FEMMES DE MARINS A DOUARNENEZ | EMISSION FRANCE-CULTURE
![]() |
Le Départ - Photo C. Rozay |
*
Le Télégramme de ce matin nous incite à écouter une émission de France Culture sur la vie de certaines femmes de Douarnenez: je vous propose donc d'écouter cette émission d'une cinquantaine de minutes qui feront revenir au passé récent épouses et enfants tant l'absence du mari ou de l'époux - si, Dieu merci, ne posaient pas de problème majeur en période normale, pouvaient mener à l'angoisse lors d'un fort coup de vent, de blessures et autres périodes de poisse. Comme fils de marin, même si le vent ne faisait que souffler au-dessus du foyer familial, ce sacré vent nous menait immanquablement vers eux d'autant qu'après guerre, il y eut des naufrages à répétition nous faisant craindre le pire pour les nôtres.
![]() |
Photo intense de femmes qui attendent sur le quai le retour de leur maris qui viennent d'essuyer une tempête dans les années 30 |
"Route
terre"
voix de femmes de
marins à Douarnenez
Dimanche 4 septembre
2022
Marie-Hélène,
Christine, Gaby, Dominique et Françoise habitent à Douarnenez, elles sont
femmes de marins pêcheurs. Autour de souvenirs, de leur rapport à l’absence et
à l’intime se dessinent des portraits de femmes fortes. Lorine Carton-Amor et
Juliette Chartier nous font découvrir ces récits.
Une Expérience de
Lorine Carton-Amor et Juliette Chartier, réalisée par Annabelle Brouard
*
“Moi je m’en fous de la mer, elle m’a toujours fait peur…” lance Gaby du haut de ses 85 ans. “Elle m’a apprivoisé, car j’ai épousé un marin” glisse-t-elle malicieusement ensuite. Gaby, comme beaucoup de femmes finistériennes, est femme de marin
Durant deux années,
Lorine Carton-Amor et Juliette Chartier ont rencontré ces femmes qui leurs ont
livré leurs souvenirs. D’âges et de générations différentes, elles racontent
toutes une trajectoire similaire. Elles ont passé leur vie à terre à travailler.
Loin du mythe de la femme de marin qui attend son homme sur la jetée du port,
elles ont élevés des enfants, ont été chauffeuse de car, vendeuse à la coopérative
maritime ou encore infirmière.
Elles n’ont pas des destins extraordinaires. Elles n’ont pas pris la mer. Et pourtant. Ce sont des paroles de femmes fortes dont la vie jugée “ordinaire” a été peu mis en avant. Les départs, les absences, le deuil ont bordé leur existence. À travers leurs récits, c’est aussi la “grande” histoire qui se raconte. Celle d’une autre époque, d’un âge d’or de la pêche aujourd’hui disparu. L’époque des sardinières, des usines de poisson, des bateaux revenant par centaines et des bistrots qui fleurissaient dans toute la ville.
À leur trajectoire se mêlent des archives sonores, celles des radios maritimes comme Radio Conquet et Saint Lys Radio disparues au début des années 2000. Elles avaient pour but de maintenir le lien entre ceux en mer et celles restées à terre. En écho à la voix des femmes, ces extraits d’archives -bulletins météos, vacations et appels des familles- accompagnent leurs paroles. La radio devient personnage de cette mémoire.
Ce documentaire a été lauréat de l’Aide sélective aux auteurs et autrices de podcasts et de créations radiophoniques du Ministère de la Culture et a reçu le soutien financier des Ateliers Médicis dans le cadre de la résidence Création en Cours.